Exceptionnelle nouvelle ! C’est désormais officiel : ma thèse vient de se voir décerner un Prix solennel de la Chancellerie des Universités de Paris, le Prix Benabou/Aguirre-Basualdo pour l’année 2017, spécialisé en Lettres et Sciences Humaines (Prix d’Histoire moderne).
La récompense est rare et prestigieuse : ce concours ultra sélectif, interdisciplinaire, est ouvert aux docteur.e.s de l’ensemble des facultés de l’Académie de Paris, soit aux universités et grandes écoles de la capitale et d’Île-de-France. Si les Sciences Humaines y sont représentées, la musicologie n’a qu’une seule fois remporté les faveurs du jury dans l’histoire des Prix de la Chancellerie. Mais il s’agit bien ici du doctorat de Musique : Recherche et Pratique (Université Paris-Sorbonne/CNSMDP), qui voit donc avec cette première distinction pour ma thèse une reconnaissance au plus haut niveau.
Que sont les Prix de la Chancellerie ?
Les mots de présentation de Gilles Pécout, Recteur de la région académique Île-de-France et de l’académie de Paris, Chancelier des universités, dans le livret des lauréats 2016, résument les valeurs promues par les Prix de la Chancellerie :
Chaque année, la Chancellerie des Universités de Paris récompense par des prix solennels cinquante jeunes docteurs qui, tous, par l’excellence de leur thèse, ont fait progresser la recherche de façon remarquable dans des champs disciplinaires aussi variés que la médecine, le droit, la pharmacie, les sciences économiques et la gestion, les lettres et les sciences [auxquels il faut donc ajouter l’art, CQFD].
Cette année encore, cinquante lauréats des universités et établissements d’enseignement supérieur d’Île-de-France seront distingués par ces prix prestigieux.
Les Prix de la Chancellerie des Universités de Paris représentent une récompense individuelle pour des chercheurs qui sont parvenus, dans leurs travaux respectifs, au terme d’une aventure intellectuelle [et pratique, concernant la recherche en arts et en interprétation de la musique] ambitieuse de plusieurs années, à explorer de nouveaux chemins ou à éclairer d’un jour nouveau des pans entiers de la connaissance.
Loin de couronner seulement la fin d’un cursus, ces prix marquent aussi le début d’un parcours prometteur, et doivent contribuer à aider tous les jeunes docteurs primés à réaliser leurs ambitions dans la poursuite de leur carrière, notamment pour ceux d’entre eux qui deviendront chercheurs ou enseignants-chercheurs. C’est une reconnaissance académique marquante de leurs talents quoi doit les encourager à continuer leurs travaux, avec la même exigence et la même liberté, dans la voie qu’ils ont commencé à tracer.
Mais ces prix ne récompensent pas seulement l’aboutissement d’une traversée parfois perçue comme solitaire : ils sont aussi la reconnaissance d’une excellence collective, celle des laboratoires, des directeurs et des jurys de thèse, des universités et des grands établissements qui assurent à la recherche française sa vitalité et son dynamisme.
Car la recherche ne pourrait exister sans l’échange, le dialogue entre pairs, la confrontation des réflexions et des expériences, qui seule fait progresser les sciences. Elle s’inscrit dans les valeurs humanistes de la communauté universitaire, qui a pour dessein commun d’enrichir la connaissance universelle. […]
Grâce aux dons et aux legs dont elle a bénéficié à travers l’histoire, la Chancellerie des Universités de Paris contribue, par ses missions, à cultiver ces valeurs pour le présent et l’avenir. Que tous les généreux donateurs, célèbres et anonymes, sans qui ces actions ne seraient pas possibles reçoivent la gratitude de la communauté universitaire pour ce soutien précieux et indéfectible. […]
Sélection
C’est à l’issue d’un long et complexe processus que sont désignées les thèses distinguées. Une fois le volumineux dossier de candidature déposé dans l’établissement de rattachement, une pré-sélection est d’abord opérée par ce dernier, l’École Doctorale V de l’Université Paris-Sorbonne dans mon cas, qui choisit les dossiers qu’il transmet pour étude aux services de la Chancellerie. Les propositions émanant des institutions sont ensuite soumises, par discipline, à un jury nommé par Monsieur le Recteur de la région académique Ile-de-France et de l’académie de Paris, Chancelier des Universités. Les jurys peuvent faire appel aux avis les plus autorisés et, s’ils le jugent nécessaire, organiser un entretien avec certains candidats.
Une reconnaissance au plus haut niveau pour la double compétence d’interprète-chercheur.se et pour le doctorat de Musique : Recherche et Pratique
C’est l’une des plus belles victoires de ce prix. À travers ma thèse, c’est le nouveau profil d’interprète-chercheur.se qui est légitimé, ainsi que l’ensemble des activités entreprises dans cette démarche au cours de mon doctorat, nourrissant l’ouvrage de travaux tout à la fois musicaux et scientifiques. Qu’il s’agisse de concerts, d’enregistrements, de l’organisation d’événements musicaux et pédagogiques, mais aussi des participations aux colloques, souvent associées à concerts, des publications, d’organisation de journées d’étude, bien sûr de mes contrats pionniers de musicien-chercheur associé puis musicien-chercheur invité Pasteur Vallery-Radot à la Bibliothèque nationale de France (BnF), des dépouillements de fonds, inventaires inédits, éditions critiques, base de données numérique, participation à projet ANR, valorisation via différents canaux tels qu’émissions de radio, toutes activités relayées dans ces pages : c’est l’ensemble d’un parcours et des activités menées au long du doctorat, articulées à la pratique instrumentale, qui se retrouvent dans cette thèse.
Mais ce Prix de la Chancellerie est aussi hautement symbolique pour les institutions porteuses du doctorat de Musique : Recherche et Pratique, Université Paris-Sorbonne et Conservatoire de Paris (CNSMDP), qui ont toutes deux créé en 2011 et défendu le cursus contre vents et marées. Qui alors aurait parié que ce nouveau cursus verrait l’une de ses thèses, soutenue 6 ans après ses balbutiements, couronnée d’un Prix de la Chancellerie ? La recherche en arts, à travers son articulation à la pratique, est nouvelle et ces établissements, comme moi-même en doctorante, ont dû mener un véritable combat pour établir la nécessité et le bien-fondé des études menées par des musiciens interprètes professionnels, dans une démarche de collaboration et de décloisonnement disciplinaire dont le caractère pionnier n’a pas été sans bousculer quelques certitudes. Construire des passerelles entre les institutions et les disciplines, innover, créer un enrichissement mutuel ont été et continuent d’être pour moi des objectifs de tous les instants. C’est donc pour ma thèse, mais aussi pour le profil d’interprète-chercheur.se, pour le doctorat de Musique : Recherche et Pratique et pour les institutions porteuses que ce Prix solennel de la Chancellerie des Universités de Paris, Prix Aguirre-Basualdo 2017 constitue une récompense privilégiée.
Formons le vœu qu’une telle distinction constitue un premier pas déterminant vers un après-doctorat aujourd’hui inexistant sur le plan institutionnel.
J’adresse un immense merci à l’Ecole Doctorale V de l’Université Paris-Sorbonne qui a soutenu ma candidature à l’étape de la pré-sélection, aux membres du jury qui ont primé ma thèse, à ceux de mon jury de thèse, aux personnes qui ont largement contribué à son élaboration et à sa reconnaissance, de différentes manières, au premier rang desquelles mon directeur de recherche Jean-Pierre Bartoli, mon professeur référent au CNSMDP, Christophe Coin, le directeur du CNSMDP, Bruno Mantovani, le directeur de la recherche de cet établissement, Philippe Brandeis, Cécile Reynaud, ma tutrice à la BnF, Emmanuel Reibel, ainsi que plus généralement à celles – elles se reconnaîtront – qui m’ont accordé leur précieuse confiance.
La cérémonie de remise des Prix solennels de la Chancellerie des Universités de Paris a lieu le 5 décembre 2017 au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne.
Honneur et bonheur pour ce Prix Benabou/Aguirre-Basualdo de la Chancellerie des Universités de Paris 2017 !
Télécharger le livret des lauréats 2017 des Prix de la Chancellerie
Référence de la thèse
KUBIK, Cécile, Penser l’interprétation des sonates françaises pour piano et violon au XIXe siècle (1800-1870) : des sources au concert, thèse du doctorat de Musique : Recherche et Pratique, dir. Jean-Pierre Bartoli et Christophe Coin, université Paris-Sorbonne/CNSMDP, 2016, 2 volumes, 802-280 p. Mon CD consacré aux sonates de Baillot, Alkan, Alard, est partie intégrante de la thèse.
Soutenue les 14 et 15 novembre 2016 en deux épreuves, récital à la Philharmonie de Paris avec Luca Montebugnoli au pianoforte, sur des instruments du Musée de la Musique, et soutenance académique au CNSMDP. Mention très honorable avec les félicitations du jury.
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