Importante nouvelle que cette qualification aux fonctions de maître de conférences, puisque c’est la première fois qu’un.e docteur.e du cursus de doctorat de Musique : Recherche et Pratique (Université Paris-Sorbonne/CNSMDP) l’obtient du Conseil national des universités (à la fois dans les sections 18 et 22).
Le Conseil national des universités (CNU) est une instance nationale qui statue sur les mesures individuelles relatives à la qualification, au recrutement et à la carrière des professeurs des universités et des maîtres de conférences. Le.a jeune docteur.e soumet un dossier très complet à ses membres désignés en vue d’obtenir sa qualification. La thèse n’entre pas seule en jeu : c’est l’ensemble du cursus doctoral qui est étudié et pris en compte. Le.a candidat.e doit avoir accompli un certain nombre d’obligations pendant ses études, selon des normes strictes. Le nombre de publications minimum est ainsi défini, la qualité des publications jugées en fonction de critères précis (revues à comité de lecture ou non, catégories de celles-ci, etc.), les participations aux colloques internationaux sont observées, comme les initiatives individuelles (organisation de journées d’études, séminaires, etc.) faisant état de l’investissement et du dynamisme du doctorant, l’expérience d’enseignement dans le supérieur est plus que souhaitable, et ainsi de suite.
Les sections 18 et 22 du CNU font l’objet de candidatures distinctes. La section 18 regroupe, outre musique et musicologie, architecture, arts appliqués, arts plastiques, arts du spectacle, épistémologie des enseignements artistiques, esthétique et sciences de l’art. En section 22, intitulée « Histoire et civilisations », la part belle est faite à l’histoire de la musique, aux côtés de celle des mondes modernes, du monde contemporain et de l’art. Très heureuse donc d’être qualifiée dans les deux sections !
Car, dans la mesure où il s’agit d’une qualification de musicologie, l’obtenir en qualité d’interprète-chercheur constituait un véritable défi. Le nouveau doctorat de Musique : Recherche et Pratique s’adressant aux interprètes professionnels, mon profil était évidemment inhabituel par rapport aux docteurs en musicologie. C’est donc une belle récompense que cette qualification aux fonctions de maîtres de conférences, reconnaissant l’ensemble d’un cycle doctoral constitué autant d’activités scientifiques que d’événements musicaux articulées avec elles.
Il faut noter que la qualification est nécessaire pour postuler aux recrutements du corps des maîtres de conférences, mais aussi pour tout recrutement côté universitaire. On ne saura assez déplorer que seuls des postes de maîtres de conférence en musicologie existent à l’heure actuelle, aucun statut ne permettant aux jeunes docteur.e.s-interprètes, ni à l’université ni dans les conservatoires supérieurs, ni dans le corps de maître de conférences, ni sous aucune autre forme, de poursuivre leur double activité professionnellement, une fois leur le cap du doctorat franchi avec succès. La qualification aux fonctions de maître de conférences constitue-t-elle une première étape vers une reconnaissance et un changement de cette situation ? Après la soutenance en deux volets de ma thèse, ma charge de cours en Sorbonne depuis 2015 et d’autres événements encore, c’est comme un signe encourageant que je souhaite voir ce défi relevé.