Mieux vaut tard que jamais, dit l’adage… Le tout premier Research Lab du nouveau Stauffer Center for Strings, à Crémone, s’est tenu du 16 au 18 novembre 2021. La célèbre Fondazione Stauffer a en effet inauguré en octobre 2021 le Stauffer Center for Strings, proposant à des instrumentistes à cordes triés sur le volet de multiples formations et activités de très haut vol autour de l’interprétation, comprenant masterclasses, rencontres, événements de recherche…
Bel honneur donc de figurer au programme de ce premier Research Lab initié avec l’Institut de recherche en Musicologie (IReMus), aux côtés de Fabien Guilloux (CNRS/IReMus). C’est aux œuvres instrumentales de Camille Saint-Saëns (1835-1921) qu’était consacré cet événement, dans le cadre du centenaire de la mort du compositeur et en lien avec l’édition de ses œuvres instrumentales complètes chez l’éditeur Bärenreiter, dont Fabien Guilloux est l’un des éditeurs scientifiques et à laquelle je collabore pour l’édition d’un volume de transcriptions.
Ma contribution, dans une conférence-atelier, avec démonstrations au violon, portait sur le répertoire et l’interprétation de la sonate française pour piano et violon au XIXe siècle (1800-1870), avant et jusqu’à Saint-Saëns : « From Sources to Concerts: Performing French Sonatas for Piano and Violin from the 19th-Century (1800-1870) »
S’adressant aux musiciens interprètes, cet atelier visait à faire découvrir un répertoire méconnu et à questionner son interprétation, d’hier à aujourd’hui. Quelles œuvres et quelles évolutions construisent le répertoire des sonates françaises pour piano et violon au XIXe siècle entre 1800 et 1870, menant aux célèbres chefs-d’œuvre de Gabriel Fauré, Camille Saint-Saëns et César Franck ? Comment jouer ce corpus pour lequel aucune tradition d’interprétation n’est parvenue jusqu’à nous ? Instrument en main, l’analyse d’une multitude de sources d’époque, théoriques aussi bien qu’émanant du jeu « sur scène », avait pour but de donner des clés aux interprètes d’aujourd’hui pour construire leur interprétation de ce répertoire oublié.
Fabien Guilloux livrait ensuite deux conférences sur l’édition des sonates pour violon de Saint-Saëns d’une part, sur celle des quatuors et des sonates pour violoncelle d’autre part, découvrant les dilemmes de l’éditeur face aux multiples versions d’une partition et questionnant également, en écho à mon intervention, la question des annotations d’interprètes sur les œuvres, au premier rang desquels Pablo de Sarasate et Eugène Ysayë.
Des étudiants ouverts et intéressés, des échanges enrichissants, un accueil des plus chaleureux : merci à l’IreMus et à la Fondazione Stauffer pour ces moments passionnants ! La présence dans la salle du maestro Salvatore Accardo ne fit que le confirmer. Hâte de la poursuite de cette collaboration !