Un récital très spécial donc, attendu qu’il proposera, mesdames et messieurs, non pas une, ni même deux, mais bien trois sonates pour piano et violon exhumées pour cette occasion du département de la musique de la Bibliothèque nationale de France. Trois sonates de Bertini, Blanc et Damcke, éditées en leur temps, les décennies 1840 à 1860, peu fécondes en œuvres de ce genre – soit un précieux témoignage que le panorama de ces raretés heureusement conservées par la Bibliothèque.
Le pianiste Henri Bertini (1798-1876) est l’auteur, parmi son oeuvre abondant, de trois belles sonates pour piano et violon, publiées à Paris chez Lemoine en 1844 et 1845. Pianiste, un temps professeur au Conservatoire de Bruxelles, notre homme fut un enfant prodige avant d’être un chambriste apprécié doublé d’un compositeur prolifique, vanté par Berlioz, Schumann, ou jouant aux côtés de Liszt et de Franchomme. Ses ouvrages didactiques pour le piano (deux méthodes) et ses très nombreux volumes d’études pour cet instrument lui acquirent notamment une solide renommée. Pour celles et ceux qui purent entendre la Sonate pour piano et violon n°1, op.152 donnée lors d’un précédent concert à la Cité de la musique, voici cette fois à découvrir la Deuxième Sonate pour piano et violon, op. 153, en quatre mouvements, dédiée au grand violoniste Delphin Alard (dont on peut justement écouter, sur ce site, le Grand Duo concertant pour piano et violon, op.25, enregistré avec la pianofortiste Yoko Kaneko).
Le violoniste Adolphe Blanc (1828-1885) fut lui aussi un compositeur très fécond, exclusivement dans le domaine de la musique de chambre. Il reçut d’ailleurs en 1862, au titre de son engagement dans cette matière, le prix Chartier de l’Académie des Beaux-Arts. Elève en composition de Jacques Fromental Halévy, il était membre de la Société des Concerts du Conservatoire et fut brièvement chef d’orchestre au Théâtre Lyrique. Son oeuvre comprend, outre force trios, quatuors et quintettes, quatre sonates pour piano et violon publiées entre 1859 et 1861. Mais c’est une oeuvre plus précoce, la Sonate pour piano et violoncelle ou violon, op.12 (Richault, 1856), dont le titre annonce la singularité, qui sera proposée au public. La partition, en trois mouvements, est dédiée « A ses amis Francis Planté et René Franchomme. »
Quant à Berthold Damcke (1812-1875), s’il est allemand, il vécut de nombreuses années à Paris, depuis son installation en 1859 jusqu’à sa mort, où il était une figure bien connue du milieu musical, en particulier pour les concerts qu’il organisait chez lui dans les années 1860 et qui rassemblaient le gratin parisien (Liszt, Rubinstein, Viardot, Joachim ou encore Berlioz). Pour preuve de son intégration et de la reconnaissance qu’il reçut en France, il fut lui aussi, à l’instar de Blanc, récipiendaire du Prix Chartier de l’Académie des Beaux-Arts (1869). Sa Sonate pour piano et violoncelle ou violon, op.43 fut publiée en 1861 à Leipzig comme à Paris, chez Richault, et créée la même année aux Salons Pleyel par le violoncelliste Servais, son beau-frère, et Pauline Viardot au piano. En trois mouvements, cette oeuvre remarquable est dédiée « A son ami J. Mosheles. »
Ce concert de redécouvertes s’inscrit dans le cadre de mon doctorat de musique Recherche et pratique CNSMDP/université Paris-Sorbonne et de mon statut de musicien chercheur invité Pasteur Vallery-Radot à la Bibliothèque nationale de France (BnF).
Prenez garde, la réservation est obligatoire ! Par mail reservations@ccfj-paris.org ou infos@ccfj-paris.org, ou par téléphone, au 09 54 15 10 96 ou au 06 72 08 98 70.
Tous les détails se trouvent sur le site de l’Espace Hattori.
Edit : le récital en images !