La revue Hermès (CNRS éditions) consacre son numéro 72 à la figure de l’artiste chercheur. Cette publication de l’Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC), dirigée par Dominique Wolton, s’attache à étudier des problématiques scientifiques variées, dans une optique d’interdisciplinarité. De nombreuses personnalités se sont ainsi penchées sur la thématique de « L’artiste, un chercheur pas comme les autres ».
C’est dans ce cadre que les coordinateurs de la revue m’ont conviée à faire part de mon expérience propre dans un article intitulé Violoniste et chercheuse : à propos du doctorat de musique Recherche et pratique.
En voici le résumé :
Ma contribution à la réflexion générale de la revue Hermès sur l’artiste-chercheur vise à faire part au lecteur de mon expérience propre dans le champ de la recherche pour et à travers l’interprétation musicale. Elle expose les enjeux du nouveau doctorat de musique Recherche et pratique, instauré conjointement en 2009 par l’université Paris-Sorbonne et le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP). Mon témoignage, en seule violoniste à poursuivre ce cursus, relève ses apports considérables et novateurs, aussi bien que ses limites, pour les acteurs académiques comme pour les artistes doctorants. Il pointe la nécessité d’inventer des contours cohérents à ce dispositif que caractérise l’exception et souligne les passerelles créées entre les disciplines et les institutions, notamment avec la Bibliothèque nationale de France. Il évoque pour finir les perspectives et les défis d’avenir de ce profil pionner d’interprète chercheur.
Et voici la présentation générale de ce numéro par ses coordinateurs Franck Renucci et Jean-Marc Réol :
En juin 1999, la déclaration de Bologne engageait un processus global d’harmonisation de l’enseignement supérieur dans l’Union européenne. Après avoir touché le monde universitaire, cette normalisation à grande échelle s’applique à présent aux formations supérieures du domaine de la création et des activités artistiques.
À l’aide d’exemples précis, les textes ici réunis montrent les effets de ce processus sur ces cursus, particulièrement à travers la question centrale d’une définition « académique » de la recherche, inconnue jusqu’alors dans les domaines des formations artistiques (arts plastiques, design, danse, musique, théâtre, cinéma).
Les témoignages et analyses font ressortir les difficultés d’une stricte indexation de la recherche en matière de création sur les modèles qui dominent l’espace épistémologique de l’enseignement supérieur. Des dispositifs de recherche inédits se révèlent alors et affirment leurs différences.
De ces réflexions émergent les éléments critiques d’une résistance active à un impératif d’uniformisation considéré comme négatif pour l’identité même de ces lieux de transmission. Cela ouvre sur les questions, fondamentales dans ces formations, de pluridisciplinarité et d’interdisciplinarité.
Critiquer les procédures de standardisation, proposer de nouvelles formes collectives de recherche en art(s), avec ou sans l’Université, faire l’effort de la clarification des concepts, c’est aussi préserver des espaces de négociation et d’altérité au coeur d’un modèle de communication.
Frank Madlener, Francis Wolff ou encore François Ansermet, parmi beaucoup : un florilège d’éminents contributeurs compose le sommaire de ce numéro de la revue Hermès, dont les articles sont disponibles en ligne ici, en sus de la parution papier. Une réflexion essentielle sur la place de l’artiste au sein du monde de la recherche.
Mon article est accessible ici dans sa version intégrale.