L’immense projet de l’édition monumentale des œuvres instrumentales de Camille Saint-Saëns (1835-1921) chez l’éditeur Bärenreiter mobilise une large équipe éditoriale, réunie sous la direction du spécialiste Michael Stegemann (Technische Universität Dortmund). Le comité de rédaction a déjà œuvré à la parution de plusieurs volumes, dont des pages inédites et d’autres qui n’avaient pas fait l’objet de réédition depuis leur parution, qui offrent au lecteur la rigueur d’une édition dont la réputation dans le domaine de l’Urtext n’est plus à faire.
Quatuors, quintettes et sonates pour violon…
Parmi les œuvres déjà parues pour le violon, notons le tome consacré aux quatuors et quintettes à cordes, édité par Fabien Guilloux, ainsi que le recueil dédié aux sonates pour violon et piano, incluant les deux pages de jeunesse, qui vient de paraître sous la houlette de Fabien Guilloux et François de Médicis.
… en attendant le volume des transcriptions
De mon côté, je travaille à un volume de transcriptions que Saint-Saëns, pour certaines, « projetait depuis des années » (lettre du 25 juillet 1914 à son éditeur Durand). Qu’il s’agisse de relire des sonates du XVIIIe siècle, des mouvements de Bach (Schumann ne fut pas le seul à ajouter une partie de piano), voire de réduire des pièces symphoniques à deux ou trois instruments, en abordant ses contemporains Wagner ou Liszt : Saint-Saëns s’inscrit dans la parfaite lignée des transcriptions, dans une vision noble héritée du XIXe siècle et très éloignée de la perception de ces œuvres aujourd’hui. L’expertise d’interprète-chercheuse acquise pendant ma thèse sur l’interprétation du violon au XIXe siècle et sur la lecture des éditions de cette époque est convoquée à chaque étape, notamment pour proposer des pistes interprétatives aux futurs exécutants.
Ce volume de transcriptions permettra de faire découvrir aux lecteurs autant qu’aux musiciens ces curiosités parfois introuvables, voire restées à l’état de manuscrit. En chercheuse, c’est évidemment un honneur de travailler pour Bärenreiter au sein d’une équipe de haut vol, autant qu’en violoniste de contribuer à la mise à disposition, pour les interprètes, de ces pages oubliées du maître, dont les interprètes et destinataires furent rien moins que Pablo de Sarasate ou Jacques Thibaud.
Au travail !