Pour le numéro de janvier 2020 dédié à la thématique mode, c’est un article sur… la mode, oui oui, ou plus exactement sur la tenue des musicien.ne.s, que m’a confié La Lettre du Musicien, revue bien connue des professionnel.le.s de la musique. Belle initiative d’Antoine Pecqueur, à la tête de la rédaction, pour diversifier les plumes et surtout faire entrer la recherche dans ce mensuel d’information sur le monde musical. La mode, au cœur de mon domaine de recherche ? Pas vraiment ! Quoique… Alors, adeptes des rayures, fous de couture ou attachés aux us et coutumes, les instrumentistes ?
Les tenues des musicien.ne.s dans l’Histoire
On l’aura compris, il s’est agi pour cet article dans La Lettre du Musicien de mener le plus sérieusement du monde – docteure oblige – l’enquête sur les vêtements des instrumentistes. Déjà, le sujet très vaste, soumis à une multitude de situations, croise différentes disciplines, mais en plus, allez traiter de trois siècles d’histoire en 10000 signes, allez zou, vous avez trois heures ! Car c’est de l’Ancien Régime à nos jours que s’est portée cette recherche. Et quel ne fut pas mon étonnement de découvrir qu’aucuns travaux n’avaient été mené sur le sujet ! La problématique, traitée dans ma thèse d’interprète-chercheuse, m’avait pourtant parue primordiale concernant le violon. La compulsion de moults ouvrages dédiés à l’histoire du vêtement, de la mode, du costume n’a fait apparaître aucun détail relatif aux musiciens, non plus que les recherches parmi le matériel scientifique. Un article, quelque piste ? Las, les centres de ressources de l’Institut de la Mode, du Musée des Arts décoratifs, de la Philharmonie de Paris et du Centre national du costume scène n’ont pas eu le moindre dossier documentaire à me mettre sous la dent.
Interroger le lien entre vêtement et geste instrumental
Aucune prétention donc à refaire en quelques lignes l’histoire de la mode, retracée par de nombreux ouvrages spécialisés. Mais la question de la mode appliquée aux musicien.ne.s instrumentistes va bien au-delà du suivi des tendances : l’article s’interroge sur ce que les vêtements ont pu déterminer dans le jeu des exécutant.e.s. Ceintures compressives, rembourrages et empilement des vêtements chez les hommes, corps à baleine, corsets, crinolines, tournures, manches gigot pour les femmes : voici quelques-uns des accessoires qui, contraintes ou libérations, ont nécessairement partie liée avec le geste instrumental. La compression des corps par les dessous interpelle aussi sur la relation entre vêture et accès des femmes aux instruments. Sur un sujet jamais exploré, l’article tâche, au travers d’exemples choisis depuis l’Ancien Régime jusqu’à nos jours, de poser des questions pertinentes et de lancer des pistes de recherche.
A noter que, conformément aux usages de la presse d’information, l’article a été largement remanié. Espérons que le lecteur ne perdra rien du fond de cette étude qui gagnera à de plus amples développements.
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